Miss Marigold et La Belle de Minuit
Episode III : La Cité du Lys
Dans l’épisode précédent, Miss Marigold et Paul de Villiers se rendaient à Grasse pour en savoir plus sur la Kadupul. Les freins de leur voiture ont été sabotés et une manœuvre plus que risquée les a sauvé d’une mort certaine. Ils ont néanmoins réussi à rencontrer le Professeur Baggio, spécialiste des fleurs à parfum qui leur révèle que la méthode pour extraire l’essence de la fleur est inscrite dans un grimoire conservé à Florence.
Nos héros s’élancent alors dans une course à la montre contre Carl Jacquier qui a une longueur d’avance dans sa quête de la Belle de Minuit.
C’est à vive allure, le moteur vrombissant et les cheveux au vent que nos héros longent la côte méditerranéenne. L’idée que Jacquier puisse récupérer le grimoire et mettre la main sur la Kadupul leur est insupportable, la tension est à son paroxysme. Carl Jacquier a un avantage majeur, il roule à moto et n’est donc pas affecté par l’important trafic de la Côte d’Azur.
La frontière passée, nos héros découvrent les paysages à couper le souffle de la mer Ligure, l’odeur des embruns et du vent parfumé par les coccineus et les lentisques des montagnes environnantes pose un voile de fraîcheur et fait redescendre la tension d’un cran.
C’est à présent la faim qui tiraille Jane, elle n’a rien mangé depuis le départ de Grasse. C’est une situation à prendre très au sérieux, en effet, Miss Marigold est irascible lorsqu’elle a le ventre creux. Paul le sait bien, il en a déjà fait les frais par le passé.
Par chance, ils ne sont plus qu’à quelques encablures de la première grande ville du Nord de l’Italie, Gênes La Superbe.
A leur arrivée dans la ville, Paul pile sec sur ses freins. Jane sursaute et manque de se cogner la tête contre la vitre. L’aventurier semble livide, comme s’ il avait vu un fantôme.
Cet arrêt brutal n’est aucunement gratuit. Paul pointe quelque chose du doigt, bouche bée.
“C’est la bécane de Jacquier qui est garée là” s’écria t-il fou de joie.
Ils sont parvenus à rattraper l’odieux personnage et ont bien l’intention de lui faire payer
le sabotage de la DS.
“Donne-moi ton canif Paul” dit Jane d’un air malicieux.
Il s’exécute, Jane descend de la voiture, scrute les alentours et s’approche de la puissante BSA Bantam. Dans une violence aveugle, elle poignarde les pneus, lacère la selle, perce le réservoir, casse le phare avant et porte un puissant coup de pied qui fait tomber l’engin dans le caniveau.
Elle remonte à toute vitesse dans la Traction Avant et, comme un enfant mesquin qui vient de faire un bêtise, gratifie l’épave d’un rire narquois.
Dans le rétroviseur, on voit Jacquier s’agiter dans tous les sens, grognant et tapant du pied. Cette petite mésaventure le retardera sans doute quelques précieuses heures.
Le danger écarté, nos deux héros décident de déguster les fameuses pâtes au pesto génois à la terrasse d’une trattoria.
Le repas est salvateur et chaleureux. Jane et Paul sont convaincus que rien ne peut leur arriver et que la partie a tourné à leur avantage.
Alors qu’ils se régalent de la sauce au basilic frais et aux pignons de pin tout en sirotant un Chianti aux saveurs de violette et de fruits rouges des plus agréables, un coup de feu assourdissant retentit et le verre de Paul éclate. Le vin virevolte dans les airs, les serveurs laissent tomber leurs assiettes dans un fracas étourdissant. Les aliments se lancent dans un ballet acrobatique avant de s’écraser, éclaboussant le pavé.
Nos héros se jettent au sol pour se protéger de la pluie de balles qui s’abat sur eux. Jacquier n’a pas dû digérer les petites modifications qu’a fait subir Jane à son bijou mécanique, il a donc engagé des petits malfrats des bas-fonds de la cité ligure pour en finir avec nos intrépides amis.
Par chance, ils sont indemne et profitent du rechargement des pistolets pour fuir le plus loin possible. Ils courent de toutes leurs forces à travers les rues sinueuses de la ville la peur au ventre et le cœur qui bat la chamade.
Au détour d’une rue, 3 hommes armés de barres de fer leur barrent la route.
L’affrontement semble inévitable.
Paul dit à Jane :
“Je vais tenter de les retenir, on se retrouve à Florence”.
Son regard est de feu, comme celui d’une bête sauvage acculée. Tandis que Jane s’enfuit à travers les petites rues pavées, Paul se jette comme un taureau dans l’arène sur ses assaillants.
Miss Marigold est à présent livrée à elle-même et doit rejoindre Florence au plus vite. Pour assurer sa discrétion, elle décide de faire du stop et monte dans le camion d’un paysan toscan. Les paysages s’enchaînent, les kilomètres sont rapidement avalés et l’anxiété de la chasseuse d’odeurs monte en flèche, une tonne de questions le taraudent.
Paul a-t-il réussi à s’en sortir ? Jacquier est-il à Florence ? Va-t-elle mettre la main sur le grimoire ?
A son arrivée dans la capitale de Toscane, elle se met directement à la recherche des Archives Nationales.
A son arrivée sur la Piazza Cesare Beccaria, elle est subjuguée par l’imposant bâtiment mais il en faut plus à notre héroïne pour se dégonfler. Elle prend une grande inspiration et s’élance avec charisme dans dans le hall et, dans un italien parfait, demande à consulter les archives médiévales.
On l’accompagne jusqu’au sous-sol, un labyrinthe de couloirs s’étend à perte de vue devant ses yeux. Elle se met alors à chercher le précieux document qui lui donnera la méthode d’extraction de la Kadupul. L’odeur des livres anciens et la chaleur du sous-sol mettent Miss Marigold dans un état de confort proche de la béatitude malgré l’importance de sa mission. Après plusieurs minutes de recherche, alors qu’elle pense être seule, Jane entend des bruits de pas.
Un pas lourd, comme celui de quelqu’un qui porte des bottes de moto. L’odeur vient ensuite, composée d’un mélange de Gitane Maïs et d’eau Sauvage de Dior, elle devine avec effroi l’identité du personnage. Il s’agit de Carl Jacquier.
Au détour d’un couloir, il se font face, Jacquier lance un sourire narquois, il a le grimoire à la main et se met à courir. La course poursuite commence dans le dédale d’étagères garnies de documents centenaires, tout à coup, Jacquier trébuche et se retrouve au sol. Miss Marigold en profite alors pour lui asséner un puissant coup de pied dans les côtes et enchaîne à coups de poing en plein visage de l’infâme personnage. Elle est stoppée net par un coup de matraque donné par les carabinieri à qui on avait donné l’alerte et est traînée à l’extérieur du bâtiment jusqu’au poste de police. Après plusieurs heures de négociation avec le Capitaine de la brigade, clamant son innocence et décrivant le sombre dessein de Jacquier, elle est remise en liberté mais semble désespérée. Carl Jacquier n’a pas été embarqué, il est parti des archives avec le grimoire à la barbe et au nez des autorités. Elle est cependant satisfaite de lui avoir infligé la correction qu’il méritait depuis longtemps.
Alors qu’elle rumine sa désillusion sur le parvis du Duomo, une ombre se présente à elle.
Elle aperçoit alors un moine en soutane portant une capuche, il lui dit d’un ton enjoué mais néanmoins solennel :
“J’ai ce que tu cherches Jane !”
Cette voix, cette silhouette… c’était Paul, sans aucun doute.
Après l’escarmouche génoise, il avait rejoint Florence dans le plus grand secret, avait subtilisé les vêtements d’un moine et s’était infiltré dans le Monastère San Marco, là où fut conservé le “Grimorio di Botanica e Profumi” des siècles durant. Dans les archives du monastère, un moine avait scrupuleusement fait des copies des ouvrages envoyés aux Archives d’Etat. Grâce à lui, Paul connaissait la méthode d’extraction de la Belle de Minuit. Il avait également récolté des informations capitales concernant le matériel à utiliser.
Ils doivent à présent se rendre à Damas, capitale de la rose, pour récupérer un artéfact bien particulier.
Miss Marigold et Paul de Villiers arriveront ils à trouver la relique de Damas avant Carl Jacquier ? Vous le découvrirez dans les prochains épisodes de “Miss Marigold et la Belle de Minuit” !
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